Zakaria TAHA

ATER d'Arabe (15e section)

◊ UFR Langues

 

Thèmes de recherche : Mes thèmes de recherche se structurent autour de deux grands axes : l’un relève du domaine de la pensée et de la civilisation (l’étude de l’islam contemporain et des sociétés arabes, la question de la laïcité et de la sécularisation, la construction identitaire, les mouvements islamistes, les révolutions arabes), l’autre concerne la langue et la littérature arabes (littérature arabe moderne, écrivains et contestation, courants de pensée arabe et Occident). Le cadre temporel de mes recherches se situe dans les périodes modernes et contemporaines (depuis l’époque de la Nahda -milieu du 19ème siècle).

Mes démarches méthodologiques consistent à s’appuyer sur des matériaux empiriques (archives, textes officiels, écrits d’intellectuels, discours, articles de journaux, comptes-rendus d’observations de terrain, entretiens individuels semi-directifs, documents audiovisuels…). Pour l’analyse des données, la méthode de l’analyse de contenus offre la possibilité de traiter de manière méthodique les informations (données documentaires) et les témoignages (entretiens). La prise en compte des aspects formels et thématiques des textes et des discours des acteurs clés s’avère révélatrice des structures sociales, politiques et idéologiques.

La Nahda annonce le déclin de l’Empire ottoman, l’ouverture sur la pensée de l’Occident à travers la création d’associations scientifiques et culturelles, le mouvement de la traduction et de la presse, les missions catholiques et protestantes. Elle (la Nahda) marque une période riche de productions littéraires et linguistiques et jette les fondements idéologiques des deux principaux courants de la pensée arabe moderne : le courant réformateur religieux et le courant moderniste laïque. Le premier, incarné par le mouvement réformiste de Ğamāl al-Dīn al-Afġānī (1839-1897) et Muhammad ʻAbdū (1849-1905), privilégie une harmonisation entre islam et modernité, entre Orient et Occident. Le deuxième pense la réforme en termes de rupture avec le socle religieux. Si pour les réformateurs religieux, la décadence de la civilisation arabo-musulmane s’explique par l’abandon de la religion et que seul le retour à l’islam des salaf peut rendre aux Arabes leur gloire, pour les modernistes en revanche, la société arabe ne peut pas avancer sans suivre le chemin des Occidentaux, c’est à dire celui de la laïcité, de la séparation du politique et du religieux. Le courant moderniste de la Nahda porte en lui les idées du mouvement laïque occidental. Représenté particulièrement par des écrivains issus pour la plupart de la communauté chrétienne d’Orient tels que Aḥmad Fāris al-Šidīāq (1804-1888), Šiblī Šumaīyyil (1860-1917), Faraḥ Anṭūn (1874-1922), Yaʻqūb Ṣarrūf (1852-1927), Adīb Isḥāq (1856-1885), Ğurğī Zaīdān (1861-1914) et bien d’autres, il s’inspire de l’expérience des Lumières conçue comme un exemple à suivre pour refonder les sociétés arabes et les ouvrir aux dimensions de la société moderne. Le courant laïque de la Nahda apparaît alors comme une pensée fondée sur une sorte d’admiration des auteurs laïques occidentaux et de fascination pour l’évolution culturelle et intellectuelle de l’Occident.

Le déclanchement des mouvements de contestation qui ont secoué le monde arabe à la fin de l’année 2010 traduit l’aspiration des peuples arabes à la démocratie, exprimant des revendications sociales telles que la fin des dictatures, de la corruption et du chômage. Conduits par une jeunesse non politisée et dans laquelle aucun parti politique idéologique n’a joué de rôle déclencheur, les mouvements de contestation se voulaient dépourvus de toute revendication religieuse et encore moins idéologique ou partisane. Mais le printemps arabe s’est traduit par une montée en force des mouvements islamistes.

Si les soulèvements arabes ont été un événement inattendu y compris pour les hommes de lettres arabes (écrivains, poètes, essayistes, romanciers, nouvellistes…), ces derniers n’ont pas pour autant manqué d’aborder des thèmes comme la liberté, la corruption, l’intégrisme religieux, la femme, l’islam politique, la religion, la démocratie et d’inclure dans leurs œuvres des scènes de révolte populaire, qu'elles soient fictives ou réelles. Pendant l’époque coloniale, les thèmes de la résistance et de la lutte pour l’indépendance ont fortement marqué la littérature arabe et notamment la poésie de cette période-là ; ainsi les poèmes du Tunisien Abou al-Qassem al-Chabbi (1909-1934) ou de l’Egyptien Hafiz Ibrahim (1872-1932) vont dénoncer l’occupation étrangère.

Avec l'émergence de l’Etat national arabe dans les années cinquante et ses dérives autoritaires, des écrivains commencent à relayer dans leurs œuvres les préoccupations des populations et à témoigner des réalités de la société ; ainsi du nouvelliste Egyptien Youssef  Idris (1927-1991), Ibrahim Aslan (1935-2012), puis aujourd’hui le romancier Alaa al-Aswany (1957-). Apparaissent également de nombreux poètes, écrivains et romanciers tels que Mohammad Maghol, Adonis, Nizar Qabbani, Mahmoud Darwich, Abdul Rahman Mounif, Hoda Barakat et autres résistants à l'hégémonie du pouvoir et symboles de phénomènes sociaux critiques

Le printemps arabe a constitué une matière riche pour d'autres poètes, nouvellistes et romanciers prompts à décrire à leur manière les différentes révoltes. Alaa al-Aswani publie les Chroniques de la révolution égyptienne ; la Syrienne Samar Yazbek, Feux croisés, journal de la révolution syrienne, le Marocain Youssef Fadel, Notre père, la mafia et nous. Quels sont donc les rapports qu’entretient la littérature avec la société, le pouvoir ou la religion ? Quelle place occupe la religion et ses différentes conceptions dans les récits littéraires ? Enfin comment ces auteurs ont-ils perçus les révolutions arabes ? 

Mais, les révoltes arabes divisent les intellectuels (poètes, philosophes, nouvellistes, romanciers et écrivains). Si sont nombreux ceux qui se positionnent du côté des révolutions, d’autres comme le poète syrien Adonis (de son vrai nom Ali Ahmad Saïd Esber exilé depuis 1960, en France depuis 1986) émettent des réserves à l’égard du printemps arabe notamment par crainte d’une instrumentalisation de la religion. Adonis dénigre le mouvement de protestation qu’il qualifie de « rébellion de la jeunesse ».La montée des islamistes (Frères musulmans) au pouvoir en Egypte et en Tunisie suscite la réserve de certains écrivains comme l’Egyptien Alaa El-Asswany ou l’Algérien Kamel Daoud, sceptiques quant à la capacité de l’islam politique à mener la transition démocratique dans le monde arabe.

Quels sont donc les rapports qu’entretient la littérature avec la société, le pouvoir ou la religion ? Comment les écrivains et les intellectuels arabes perçoivent-ils les révolutions arabes ? Quelle place occupe la religion et ses différentes conceptions dans les récits littéraires ? Quel rôle jouent les références religieuses dans ces mutations ? Ces questions se trouvent aujourd’hui au centre des problèmes qu’affrontent les sociétés arabes.

Mots clefs : Courants littéraires et renaissance arabe al-Nahda (1798-1920), littérature engagée et printemps arabe, dynamiques sociales et constructions identitaires.

 

I) Titres universitaires

2012 : Doctorat en Etudes Politiques (Très honorable). Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales-Paris. Centre d’Etudes Turques Ottomanes, Balkaniques et Centrasiatiques (CETOBaC), UMR 8032 (CNRS-EHESS-Collège de France). Titre : « La problématique de la laïcité à travers l’expérience du parti Baath en Syrie ». Direction : Olivier Roy, Professeur à l’Institut Universitaire Européen de Florence (IUE) et Ṭaīyyeb Tizini, codirecteur, Professeur de philosophie et de pensée arabe à l’Université de Damas.

2005 : Diplôme d’Études Approfondies (Mention Bien). Langage et pensée dans le monde arabe et musulman médiéval et contemporain. Université Michel de Montaigne Bordeaux 3. Titre du mémoire : « Les Aspect doctrinaux de la Laïcité en Syrie », dirigé par Dominique Urvoy, Professeur à l’Université de Toulouse 2.

2004 : Maîtrise de Langues, Littératures et Civilisations Etrangères-section Arabe (Mention Bien). Université de Toulouse 2. Titre du mémoire : « La pratique de la polygamie dans la population musulmane en France », dirigé par Dominique Urvoy.

2003 : Licence de Langues, Littératures et Civilisations Etrangères-section Arabe. Université de Toulouse 2.

2000 : Licence de Langues et Lettres françaises, Université de Damas.

 

II) Publications

Zakaria Taha, « La population rurale et le Baath sous le régime autoritaire de Hafez et Bachar al-Assad en Syrie. Clientélisation et marginalisation » in Les Cahiers d’EMAM, Varia, n° 22, 2014, p. 117-127. Article disponible en ligne: http://emam.revues.org/624.

Zakaria Taha, « Régimes arabes laïcs et politique du genre. La condition de la femme à travers le Code du statut personnel : le cas de la Syrie », in Cahiers de la Méditerranée, La grande guerre en Méditerranée, n° 81, 2010, p. 305-317. http://cdlm.revues.org/index5641.html.

 « L'opposition kurde se prépare en profitant des divisions », L’Express, le 13 novembre 2012. http://www.lexpress.fr/actualite/monde/proche-orient/syrie-l-opposition-kurde-se-prepare-en-profitant-des-divisions_1186626.html

« La révolte syrienne ne saurait être réduite à une question communautaire », L’Express, le 12 juin 2012. http://www.lexpress.fr/actualite/monde/proche-orient/la-revolte-syrienne-ne-saurait-etre-reduite-a-une-question-communautaire_1125359.html

Zakaria Taha, La Syrie, De Boeck, 2013, 128p. (Collection Monde arabe/ Monde musulman).

 

III) Activités

« La contestation dans l’islam entre théologie et idéologie », acte du colloque interdisciplinaire : Religion et contestation, organisé par l’EA 1087 Espaces humains et interactions culturelles (EHIC) (Universités Blaise Pascal Clermont-FerrandII/Limoges), les 15 et 16 avril 2014. http://www.univ-bpclermont.fr/article2554.html

« La confessionnalisation du conflit syrien », communication pour le colloque international : La question confessionnelle et la fabrication des minorités dans l’Orient arabe, Doha, septembre 2014. http://www.dohainstitute.org/content/143654e0-2533-4858-a70f-3a3115a2b59d

« La dimension laïque du nationalisme arabe, un sujet d’instrumentalisation : le cas du régime baathiste syrien », communication pour le colloque international : Un siècle de nationalisme arabe : bilan critique et perspectives d’avenir, Institut du Monde Arabe, Paris, les 4 et 5 juin 2013. http://www.imarabe.org/colloque/un-siecle-de-nationalisme-arabe

« L’opposition kurde et le régime du Baath en Syrie. Dynamique identitaire et stratégie de cooptation », communication pour la journée d’études : Oppositions partisanes en situation autoritaire, Sciences-Po Aix-en-Provence, CHERBA, le 14 juin 2012. http://calenda.org/208924

« Le parti Baath et la dynastie Asad en Syrie : la laïcité à des fins politiques », conférence organisée par l’association Le Kiosque Citoyen, Rennes, Institut de Gestion de Rennes, le 6 juin 2012. http://rocheauxfees.pagesperso-orange.fr/lekiosquecitoyen/index112.htm

 

IV) Projets et travaux en cours

Projet de publication d’un livre sur la question de la laïcité et de ses devenirs dans le monde arabe suite aux changements survenus par les révolutions arabes.

 

V) Enseignement et responsabilités

2015-2106 (Université d’Artois)

J’assure l’enseignement de la langue arabe (langue vivante 3) niveau débutants 1 et 2 (78h.TD).

J’enseigne le « thème grammatical » (39h.TD) et la « version pour débutants » (39h.TD) aux étudiants de première année de LEA Anglais-Arabe.

J’enseigne la version aux étudiants non débutants de LEA Anglais-Arabe.

Membre de HALQA, Association des doctorants travaillant sur les mondes musulmans aux époques moderne et contemporaine